Pourquoi ne faut-il pas dire “Accord” de l’adverbe « tout » ?
L’apprentissage du français, notamment au collège, est souvent semé de petites difficultés.
Inès, une élève de 4e, a récemment travaillé sur les différents usages du mot « tout ».
Lorsqu'il s’agit de l'adverbe « tout », il est essentiel de clarifier un point fondamental : un adverbe est, par définition, invariable.
Examinons ensemble pourquoi il n’est pas pertinent de parler d’accord pour cet usage spécifique.
Comprendre la leçon sur le mot « tout » : déterminants, pronoms, et adverbes
Le mot « tout » peut revêtir différentes natures en fonction du contexte. Voici les catégories principales étudiées par Inès et ses camarades :
Déterminant indéfini : utilisé devant un nom (ex. Tout citoyen a des droits et de devoirs) ou un autre déterminant (ex. Tout le monde est là).
Pronom indéfini : employé pour remplacer un nom (ex. Tout est calme).
Adverbe d’intensité : placé devant un adjectif pour intensifier une qualité (ex. Elle est tout heureuse).
Le point délicat porte sur le dernier point, l’usage de « tout » comme adverbe. On lit parfois que l’adverbe “tout” s’accorde et prend un E final devant un nom féminin commençant par une consonne ou un h aspiré.
Et c’est vrai qu’il faut alors mettre un E (tout => toute).
Pour autant, il ne s’agit pas d’un accord.
Pourquoi un adverbe est-il invariable ?
Par définition, un adverbe ne s’accorde jamais. Sa fonction est de modifier un verbe, un adjectif, ou un autre adverbe sans subir de variation en genre ou en nombre.
Par conséquent, le mot « tout », lorsqu'il est un adverbe, ne change pas. Cela semble simple… sauf que la langue française a quelques subtilités !
L'exception euphonique de l'adverbe « tout »
Inès et ses camarades ont été confrontés à une consigne mal exprimée : « Accordez si nécessaire l’adverbe "tout" ».
Cela peut prêter à confusion car un adverbe est invariable.
Mais ici, une règle particulière est à retenir, que certains grammairiens qualifient d'euphonique (règle de sonorité) pour faciliter la prononciation.
Quand « tout » s’écrit avec un « e »
Quand « tout » est un adverbe placé devant un adjectif féminin commençant par une consonne ou un h aspiré, on ajoute un « e » pour une question de sonorité agréable.
Exemple :
Elle est tout émue → pas de « e », car l’adjectif féminin commence par une voyelle, on fait la liaison avec le T final.
Elle est toute contente → on ajoute un « e », car l’adjectif commence par une consonne ; cela permet de bien entendre touTE.
Un accord… qui n’en est pas vraiment un !
Insister sur le fait que c’est un « accord » peut semer la confusion.
En réalité, cette modification orthographique n'est pas un véritable accord, mais une adaptation sonore.
Comme je l’ai expliqué à Inès, on ne parle pas d’accord grammatical dans ce cas, mais bien d'une règle de prononciation. C’est une nuance importante à saisir pour éviter les malentendus.
L’importance de la clarté dans les explications grammaticales
« Lorsqu’on enseigne la grammaire, notamment aux collégiens, il est essentiel de rester clair et précis.
Expliquer que l’adverbe ne s’accorde jamais et que l’ajout du « e » est une question de sonorité rend la règle plus compréhensible.
Inès a ainsi pu mieux saisir cette subtilité, et j’espère que cet éclaircissement vous aidera, vous aussi, à mieux comprendre cette règle. »